Kyoto avec Johnnie Hillwalker
Ce matin, je me lève un peu plus tôt pour mettre nos vêtements encore humides à la laverie automatique et pour passer nos chaussures sous le sèche-cheveux. Après un solide petit déjeuner au Café Kotobuki (sans notre famille russe, cette fois), nous filons rejoindre Hajime Hirooka, un guide japonais anglophone recommandé par différents médias, qui préfère se faire appeler Johnnie Hillwalker. Au lieu du rendez-vous, devant la gare, un petit attroupement de touristes de diverses nationalités s'est formé. "Johnnie" est un drôle de petit bonhomme à lunettes, aux cheveux blancs mi-longs coiffés d’un chapeau. C’est parti pour cinq heures de balade, qui passeront bien vite en sa compagnie!
Atelier d'assemblage d'éventails
C’est un Kyoto peu ou pas touristique qu’il nous fait visiter, avec érudition et un humour pince-sans-rire presque british. Vous trouverez le détail de son programme sur son site web. Au cours de la promenade, nous visiterons plusieurs ateliers d'artisanat traditionnel ainsi que le Gojo Rakuen, un quartier de geishas déclinant dont les jours sont comptés. La recommandation de Johnnie à ce sujet nous émeut: "Si vous croisez une geisha ici, ne la photographiez pas, car elle aurait honte de sa condition et du déclin de son quartier; photographiez plutôt les geishas des quartiers florissants".
Nous visitons plusieurs temples et sanctuaires de quartiers. Johnnie nous explique, mieux que n'importe quel livre, les différences entre le bouddhisme japonais et la religion shinto. Normal, notre guide parle d'expérience de ce qu'il vit au quotidien. Je ne dévoilerai pas davantage ici le contenu de sa visite guidée, que je recommande vivement aux visiteurs de Kyoto. Il y a juste un point fondamental de la religion shinto dont je voudrais vous faire part, car il éclaire les us et coutumes des Japonais: c'est la notion de propreté.
Selon les croyances shinto, des esprits (appelés kami) habitent chaque chose de ce monde, modeste ou sacrée, matérielle ou immatérielle. Ils possèdent des pouvoirs plus ou moins importants, et les humains font appel à eux par des prières pour demander de l'aide. Les sanctuaires sont souvent dédiés à un kami en particulier: on va dans un sanctuaire différent selon que l'on désire réussir ses examens ou avoir une grossesse qui se déroule bien. Les kami exècrent la saleté: c'est pourquoi les Japonais tiennent tant à la propreté de leur corps (le rituel du bain; la serviette de toilette offerte avant le repas dans les restaurants...) et de leur maison (on retire ses chaussures avant d'entrer, on fait le ménage tous les jours...). Dans un sanctuaire, ils se lavent systématiquement les mains et la bouche avant d'approcher l'autel. Plus les objets sont propres, plus les kami sont enclins à les habiter, sinon ils fuient. Ainsi, on considère qu'il faut changer les amulettes chaque année, car pendant ce laps de temps, elles accumulent de la saleté et finissent par perdre leur efficacité!