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Un été à Tokyo
28 juillet 2007

Feux d'artifice sur la rivière Sumida

Jingu_Gaien_279Les feux d'artifice - hanabi, littéralement "fleur de feu" - sont parmi les temps forts de l'été au Japon. C'est un divertissement très populaire (il y en aurait 7000 par an). Le matsuri de la rue Kagurazaka s'achève ce soir, mais nous avons déjà l'esprit ailleurs. Aujourd'hui, dernier samedi de juillet, seront tirés les fameux feux d'artifice de la rivière Sumida, dans le quartier d'Asakusa. Ils durent 1h30 (!), et c'est le plus ancien hanabi de Tokyo, puisque la première édition date de 1733! J'ai noté dans mon calepin les dates des principaux feux d'artifice de la capitale; celui-ci sera notre première sortie du genre. Je l'attends avec impatience! Petite pensée pour Nana Komatsu (du shôjo manga Nana), qui voulait tant aller voir les feux d'artifice de l'été avec ses amis musiciens...

Pour parfaire l'image d'Epinal, j'ai prévu d'y aller vêtue de mon yukata flambant neuf. Il manque cependant quelques détails à ma panoplie, notamment les chaussures traditionnelles en bois. Il y a justement un artisan dans la rue Kagurazaka, à la fois vendeur de chaussures modernes et fabricant de geta. C'est une Japonaise d'âge mûr, distinguée et bienveillante, qui me reçoit et me conseille (en anglais). Comment marche-t-on avec ce type de chaussures? Quelles couleurs seraient assorties à mon yukata bleu et à ma ceinture rose? Est-ce normal que le pied dépasse légèrement de la chaussure ("oui, c'est ce qui est considéré comme kawai")? Je ressors équipée et ravie de la boutique. Dans la foulée, je m'offre aussi un joli petit coussin à motifs de hiboux que j'ai repéré depuis quelques jours dans une boutique près de chez nous. love

Quelques instants plus tard, me voilà à l'appartement, debout au centre de la chambre. Mon homme virevolte autour de moi pour m'habiller. Seule, je serais incapable de nouer le yukata correctement. Nous nous aidons d'un livre, mais ce n'est pas facile avec des instructions écrites exclusivement en japonais! Heureusement qu'il y a des photos! Pendant que Pierre referme soigneusement les pans du kimono, je l'observe. J'aime quand il est ainsi: concentré, attentif, minutieux et perfectionniste. Je suis entre de bonnes mains... Last but not least, il noue la ceinture autour de ma taille: c'est le moment le plus délicat. J'aurais pu acheter un de ces noeuds tout faits du commerce, mais ça n'a pas le même charme... Quand il a terminé, je me sens comme un bonbon appétissant, bleu et rose. Et voilà comment les Japonaises deviennent des friandises pour les hommes!

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Après cette séance d'habillage un peu complexe, nous prenons le métro pour rejoindre le quartier d'Asakusa. Dans la rame, un nombre inhabituel de Japonais portent des yukata, hommes et femmes. Nous sommes sur le bon chemin!

Sumidagawa_013A la sortie de la station Asakusa, nous prenons notre premier vrai bain de foule japonais. Le quartier a été rendu piétonnier. Des policiers assurent la circulation. Les Irrashaimaseeee ("Bienvenuuuue") fusent depuis les stands de nourriture à emporter. Familles, couples et badauds déambulent le long de l'avenue en une file ininterrompue. Ils sont nombreux à avoir investi le bord des trottoirs, assis sur des nappes publicitaires aux couleurs de Disney ou d'Hello Kitty, dégustant brochettes, boulettes de poulpe, glace pilée aromatisée... Les classiques de l'été, dont nous commençons à être familiers! ^^ Mais c'est sur un stand de kebab tenu par un Turc que nous jetons notre dévolu. Du kebab!!! Enfin de la nourriture comme chez nous lol! bounce

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Nous observons à loisir les yukata autour de nous, c'est vraiment très joli. Il existe une infinité de couleurs, de motifs, de combinaisons possibles. Dommage qu'il n'y ait pas de yukata aux motifs contemporains, ça me plairait bien... Mais c'est un vêtement qui reste définitivement traditionnel. Pierre m'offre un éventail: plus qu'un accessoire, c'est une bénédiction en cette soirée épouvantablement chaude!

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D'où partiront les feux d'artifice? J'essaye de le deviner en observant les Japonais, mais leur répartition me laisse perplexe. Ici, le champ de vision est entièrement bouché par les buildings environnants. Ca n'a pas du tout l'air propice à admirer un quelconque spectacle aérien! Pourtant, des milliers de gens restent assis dans ce couloir d'immeubles. Qu'attendent-ils...? Mon petit doigt me dit qu'il vaut mieux aller ailleurs. Plus loin, un pont semble particulièrement prisé. Si j'en crois mes lectures, c'est le meilleur spot pour admirer le spectacle: en effet, la vue est bien dégagée sur la rivière. Par contre, il est interdit d'y stationner pendant le feu, alors les gens ne font que le traverser, encadrés par les autorités. La foule reste disciplinée et calme, mais pour la première fois, nous sentons que certains poussent un peu... Ne comprenant rien aux indications de la police, nous préférons rebrousser chemin, progressant maintenant au coude à coude.

Finalement, nous nous posons à un endroit d'où l'on voit à peu près une portion de ciel, entre deux immeubles. C'est mieux que rien, et en tout cas beaucoup mieux que sur l'avenue de tout à l'heure. Des détonations attirent soudain notre attention: quelques feux sont tirés dans les airs, alors qu'il fait encore jour. Des essais, sans doute? Nous attendons sans savoir quoi. Le soir tombe. Des hélicoptères passent au-dessus de nos têtes. Les annonces par haut-parleurs se multiplient. Il fait une chaleur étouffante.

Sumidagawa_039Soudain, les premiers feux d'artifice fusent: grands cris de joie de la foule! Ca démarre très doucement puis ça continue crescendo, dessinant des bouquets de lumière dans la nuit. En fin de compte, nous sommes plutôt bien placés, pour des novices! roi  Le public est enthousiaste: applaudissements, exclamations d'admiration. Les feux se font de plus en plus gros, de plus en plus nombreux, de plus en plus colorés, mais restent tout de même étonnamment espacés. L'odeur des explosifs parvient à nos narines, se mêlant à la senteur des brochettes grillées. Des fusées à effet prennent le relais des fleurs de feu. Là encore, le rythme est lent, les tirs espacés, au point que Pierre et moi commençons à trouver ça monotone. Retour aux fusées classiques et pépères. A croire que les bombes sont tirées par types de forme, les unes après les autres, sans volonté d'interaction ou de composition comme dans les feux d'artifices français! Ca nous paraît sur le coup considérablement moins sophistiqué que les chorégraphies pyrotechniques d'un 14 juillet à Versailles par exemple. Euh... C'est ça, un feu d'artifice japonais? Voilà pourquoi ça dure 1h30! sleep

Pierre s'ennuie, il voudrait s'en aller. La vue de la foule compacte n'est cependant pas très engageante, et puis je tiens à vivre l'expérience jusqu'au bout. Un gros nuage de fumée noire, résidu des explosions, masque peu à peu le ciel. Délaissant un moment le spectacle, j'observe le public. Ce qui fait plaisir ici, c'est sa fraîcheur, sa joie toute simple devant le show. Les Japonais sont très bon public! Et ce qui est surprenant, c'est que beaucoup semblent n'être venus que pour le bain de foule, le partage d'un moment de détente un soir d'été. Ils ne regardent même pas le ciel, tout occupés à manger, à bavarder avec les voisins ou à se repoudrer le nez. C'est donc pour ça que tant de gens se sont massés dans l'autre avenue, sans aucune vue sur le hanabi?

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Tout d'un coup, gros mouvement de masse. Quelqu'un m'écrase le pied (ouille!!!), la foule ovationne, les marchands braillent de plus belle. C'est le bouquet final: des palmiers hauts et lents percent avec peine le gros nuage noir dans une formidable pétarade. On ne voit presque rien, mais le bruit semble autant applaudi que la lumière, et plus que le motif. Décidément, c'est un autre état d'esprit, ici. gratte

A la fin du spectacle, l'assemblée se disperse. De longues files convergent vers les entrées du métro. Des agents régulent la circulation aux carrefours des couloirs du métro comme avec des voitures sur la route: en stoppant puis en laissant passer les gens à tour de rôle, par paquets. Ainsi, le retour se passe dans le plus grand calme. Exemplaire!

Dans notre quartier de Kagurazaka, le matsuri est terminé. A part quelques poubelles entassées et quelques pancartes que des gens sont déjà en train de décrocher, il n'y en a plus trace... Nous rentrons chez nous.

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Commentaires
P
Grrrrrrr...
T
Ah ouiiii ? Hi Hi Hi...
P
Mauvaise langue, Titash! Alors que j'ai repris la suite aujourd'hui même! :p<br /> <br /> En tout cas, merci pour vos commentaires, ça fait toujours plaisir! :D
T
Et bein je crois que l'on en saura jamais plus... ^^
S
Je dis oui oui oui, voilà la suite :D
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