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Un été à Tokyo
3 juillet 2007

Fan de mangas

GoldorakLes dessins animés japonais ont bercé ma jeunesse. J’ai grandi avec leurs personnages de celluloïd, en partageant leurs émotions, en m'attachant à eux. Je pouvais d'autant plus facilement m'y identifier qu'ils véhiculaient souvent des valeurs culturelles proches des miennes, comme le respect des aînés ou les croyances bouddhiques.

L'âge d’or de la japanimation en France, avec les dessins animés de La 5 et du Club Dorothée, a correspondu à la période de ma vie où j’avais le plus besoin d’évasion et où j’étais un maximum réceptive à l’imaginaire et au rêve. A côté de goûts musicaux "pour adultes", j'ai gardé une tendresse particulière pour les génériques de dessins animés et pour les bandes originales. Comme le disait si bien un des personnages d'Omoide Poro Poro (film de Takahata, qui sortira en DVD en octobre prochain, enfin! bonne nouvelle!), les paroles de ces chansons sont peut-être naïves mais elles transmettent un optimisme et un entrain qui nous aident à affronter les difficultés de la vie. Elles continuent à me toucher même une fois adulte. La nostalgie de l'enfance sans doute...

"Viens courir avec Claire et son chien,
tu oublieras tes ennuis en chemin..."
(Claire et Tipoune/ Ohayô Spank!)

Ohayo_SpankC'est dans la même période que j'ai découvert les mangas proprement dit, c'est-à-dire les bandes dessinées japonaises, à l'origine de nombreuses adaptations animées. Les premiers temps en version originale dans les librairies d'importation parisiennes (feu Tokyo Do, Junku); dans un second temps en version américaine puisque les USA ont commencé avant nous à traduire des mangas; et enfin en version française. D'abord balbutiant, amateur, truffé d'erreurs de traduction et de pagination, le manga en France n'a cessé depuis de s'améliorer, tant dans le choix des titres que dans la qualité d'impression, jusqu'à sa démocratisation et le succès qu'on lui connaît.

C'est dans la même période aussi que j'ai découvert les longs métrages animés japonais, avec Akira. Quelle claque visuelle! A l'époque, Disney ne s'adressait encore principalement qu'aux enfants (la mutation était en cours), et c'était fabuleux de découvrir que l'animation pouvait également s'adresser aux adultes.
Je garde un excellent souvenir du Festival de Corbeil Essonnes en 1992, où les films des Studios Ghibli ont été montrés pour la toute première fois en Europe. Pas mal pour un petit festival de banlieue! Outre des films live très sympathiques, j'y ai découvert avec émerveillement les films d'Hayao Miyazaki et d'Isao Takahata, ainsi que les courts métrages d'Ozamu Tezuka.

Nausicaa Totoro Kiki

La radio pour enfants Superloustic passait des extraits de B.O. des séries à succès de l'époque. Elle a ainsi permis de fédérer toute une communauté de fans qui trouvaient ici ce qui n'existait nulle part ailleurs en France. Grâce à Superloustic puis au 3615 TOON sur Minitel (et oui, l'Internet n'était pas encore démocratisé!), les fans ont pu échanger leurs coordonnées et rentrer en contact les uns avec les autres.

LodossDes fanzines en sont nés. Certains ont disparu au bout de quelques numéros, d'autres comme Animeland sont devenus de vrais magazines à grand tirage. Quelques fans issus des écoles de commerce parisiennes ont monté une entreprise nommée Kaze, et édité les premières cassettes vidéos de japanimation moderne (et oui, les DVD n'existaient pas encore!). Des conventions ont été organisées, durant lesquelles étaient projetés des dessins animés introuvables en France, d'une qualité bien supérieure à ce que nous avions l'habitude de voir à la télévision. Une personne traduisait les dialogues au micro, pendant le film, jusqu'au jour où les sous-titres ont pris le relais. On voyait un peu toujours les mêmes visages, tout le monde se connaissait au moins de vue. Certains ont eu leur heure de gloire avant de retourner dans l'ombre... Des conventions de fans bricolées autour de projections pirates, on est passé aux conventions officielles dans les grands centres de congrès. C'était une autre ambiance... Les pionniers ont laissé la place aux professionnels, ou ont rejoint leurs rangs. Planète Manga, en 1996, a sans doute été la dernière grosse convention à laquelle j'ai participé.

Aujourd’hui, c’est en tant que fan de japanimation et de mangas et à la recherche de mes émotions de jeunesse que je retourne dans le quartier d’Akihabara, à Tokyo. Les magasins de mangas, CD, DVD, maquettes, figurines et autres produits dérivés, y abondent entre deux magasins d'électronique. En faisant du lèche-vitrines à la recherche des séries que j'ai aimées, je tombe sur quelques perles: des figurines de Lynn Minmay (Macross / Robotech) et des Chevaliers du Zodiaque (Saint Seiya), les bandes originales de Bioman (quelle madeleine pour moi, ce CD-là!), The Secret of Blue Water (Nadia et le Secret de l'eau bleue), Macross Plus, etc... Malheureusement, la très grande majorité des goodies disponibles ne concernent que les séries les plus récentes, qui me sont totalement inconnues. Des séries de ma génération, seul Dragon Ball a survécu et fait encore recette, omniprésent dans les magasins. Un vrai classique, aux côtés de Doreamon, Pokemon et Evangelion. Les goodies en eux-mêmes me déçoivent: porte-clefs, tasses, autocollants... rien de bien inventif! suspect Bref, je suis rentrée quasiment bredouille de cette première exploration de l'univers mangas et japanim'.

134MetroIl y a quinze ans, on entendait parler des Japonais qui lisaient des mangas dans le métro: de la femme au foyer au salary man, en passant par les enfants, l'adolescent révolté ou la jeune fille romantique (et inversement), le fan de cyclisme, de jeu de go ou de cuisine comme l'amateur d'oenologie, etc., il y en avait (et il y en a toujours) pour tous les goûts. Depuis, alors que le marché est florissant en France, les ventes de mangas n'ont cessé de baisser au Japon, crise économique oblige. En vérité, depuis que je suis arrivée, je n'ai vu que deux personnes lire un manga dans le métro! La majorité des passagers sont occupés soit à dormir, soit à consulter leurs téléphones portables (si gros que ce sont sans doute plutôt de petits PDA), soit à lire... des romans.

Ca me rend un peu triste de ne pas retrouver trace des séries de ma jeunesse dans leur pays d'origine, après tout ce temps et alors que j'ai fait tout ce chemin pour venir.

Tout change...

Omoide_Poroporo

"Oh! Des corbeaux!" (Omoide Poro Poro)

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Commentaires
P
Merci pour l'info, sur_une_ile_deserte! Je crois que nous allons nous laisser tenter par la croisière! :-)<br /> <br /> C'est clair qu'on a souvent l'impression d'être dans un manga ici, tellement on y retrouve ses ingrédients: les personnages, les décors, l'atmosphère... ^^
S
Toi qui est fan de manga, n'hésite pas à remonter la rivière sumida entre Odaiba et Asakusa à bord d'un "bateau mouche" particulier puisque créé par Leiji Matsumoto le papa d'Albator...<br /> Plus d'info ici mais attention les horaires ne sont pas à jour. http://www.suijobus.co.jp/english/ship_e/index.html<br /> L'embarcadaire d'Asakusa est juste à côté de la station de location de vélos tu pourras donc combiner une balade dans les "vieilles" ruelles : tu auras l'impression de traverser un manga tant l'ambiance retro des petits temples, des maisons avec leurs pots de fleurs sur le trottoir et des cables electriques qui traversent le ciel y est caractéristique.<br /> Merci pour ton blog !
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