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Un été à Tokyo

1 août 2007

Coquin de mari !

Le jour perce à travers les volets fermés du dortoir. Bruits d'étoffe, bâillements, toux discrètes... Les clients du onsen commencent à s'éveiller et à se lever. A ma gauche, un homme blond qui n'est pas le mien se retourne sur sa banquette de cuir. Encore groggy par le manque de sommeil, je quitte le dortoir et qui vois-je arriver comme une fleur, dans le couloir...?? Pierre, le sourire aux lèvres !

- "Bah où étais-tu?? Je t'ai cherché partout hier soir !
- J'ai dormi dans le dortoir du fond, là-bas. C'était le plus calme. ^^
- Mais c'est le dortoir réservé aux femmes !! Le dernier endroit où j'aurais pensé regarder !!
- Oups! Je n'avais pas fait attention !" ^^

Et voilà comment mon mari a passé sa nuit, seul homme au milieu de cent femmes, pendant que j'endurais les ronflements du dortoir mixte ! goutte

Les onsen extérieurs ont à présent ouvert leurs portes. J'en profite pour prendre un dernier bain chaud, en plein air cette fois-ci. La végétation, les rochers et les bassins en ardoise recréent l'atmosphère d'un onsen de montagnes, sous la lumière paisible du matin. Le bonheur serait complet si j'étais accompagnée, mais bon... 'Marre de me baigner toute seule... sad2

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Je retrouve Pierre sous les lampions du "village traditionnel" toujours plongé dans sa pénombre permanente, mais déjà plus animé que la veille au soir: c'est l'heure du petit déjeuner! Nous le prenons à la japonaise: une soupe miso, un bol de riz, du saumon grillé, des légumes marinés... Le poisson n'est pas de toute première fraîcheur - on sent que c'est du réchauffé. Pierre fait la moue, mais pour ma part,  je ne me voyais pas manger du pain, du beurre et de la confiture dans un tel cadre ! oui

Il est temps de quitter l'époque d'Edo et d'échanger les yukata contre nos vêtements du XXIème siècle... Après avoir réglé notre repas à la caisse et récupéré nos chaussures, nous nous dirigeons vers la sortie. Soudain, au-dessus de la porte, deux décors peints coulissent et laissent apparaître un automate animé. C'est le dernier clin d'oeil laissé par cet endroit, charmant pour se baigner et changer du quotidien, mais faux bon plan pour passer une nuit reposante (en ce qui me concerne)!!

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1 août 2007

Prendre un bain chaud à l'époque d'Edo...

L'Oedo Onsen Monogatari se définit comme le premier et seul parc thématique de Tokyo consacré au onsen (bain thermal japonais), dans un décor évoquant l'époque d'Edo (nom porté par Tokyo de 1600 environ à 1868, et nom de cette période de l'Histoire japonaise). Ouvert de 11h du matin à 9h du matin le jour suivant, il offre non seulement plusieurs bains d'eau chaude dont des bassins de véritable eau thermale pompée d'une source située à 1400 mètres de profondeur, mais également toute une gamme de soins corporels (massages etc., de jour uniquement), plusieurs restaurants et des espaces pour passer la nuit. Un pote (Marco, si tu passes par là! wink ) m'ayant recommandé les lieux, je suis curieuse de tenter l'expérience!

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A cette heure, il n'y a pas un chat à l'entrée du bâtiment...

Dès l'entrée, comme dans de nombreux lieux au Japon, il faut retirer ses chaussures et les mettre dans un casier. Nous réglons à la caisse le tarif soirée (1900 yens pour une arrivée après 18h, soit 11,40 €) additionné au supplément de nuit (1500 yens si on reste après 2h du matin, soit 9€) - zut, moi qui croyais qu'on ne s'acquitterait que du tarif nuit! On nous remet un bracelet à code barre qui pourra nous servir de moyen de paiement à l'intérieur. C'est le moment de choisir le motif du yukata que nous porterons dans l'enceinte du complexe, car il nous faudra également laisser nos vêtements civils dans un second casier. Nos chemins se séparent le temps de se changer, chacun dans son vestiaire respectif. Les onsen ne sont plus mixtes depuis que les Occidentaux ont imposé leur influence au Japon, au 19ème siècle...

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Les casiers portent des motifs tirés des estampes de Hokusai.

Le contact frais du parquet fait déjà du bien à mes pieds endoloris! Pieds nus et vêtue d'un yukata bleu et vert, je gagne l'espace central mixte. Thématisé comme un village traditionnel idéalisé avec ses lanternes, sa tour de guet, son petit pont de bois et son Mont Fuji à horizon, plongé dans un crépuscule permanent (ou est-ce une aube?), il propose diverses échoppes malheureusement fermées la nuit.

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Pas beaucoup de chats non plus dans le village...

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Un tengu (divinité reconnaissable à son long nez) veille.

Anachronisme flagrant mais élément qui semble indispensable à la détente des Japonais: une petite salle d'arcades destinée aux enfants, qui diffuse en boucle une petite musique particulièrement entêtante dans ce silence feutré!

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Mickey et Stitch à l'époque d'Edo... Mais bien sûr... :p

Pierre et moi nous rejoignons un moment dans cet espace mixte, avant de nous séparer à nouveau pour aller nous baigner. Dommage que nous ne puissions pas vivre cette expérience ensemble, mais bon... sad3

Me voilà dans un nouveau vestiaire pour femmes: ici, on se déshabille et on laisse ses dernières affaires dans un troisième casier. La maison fournit une grande serviette de bain et une petite qui sert à masquer son intimité, puisque les onsen s'apprécient en tenue d'Adam et d'Eve. Tout le nécessaire de toilette est également à disposition (brosse à dents jetable, brosse à cheveux stérilisée entre deux utilisatrices, savon, shampoing, crème hydratante, sèche-cheveux...). Ainsi, nul besoin d'apporter ses affaires, on peut venir au Oedo Onsen Monogatari les mains dans les poches! wink

J'entre enfin dans la salle des onsen proprement dite. Déception: fini l'époque d'Edo, on se retrouve dans un immense hangar aussi thématisé qu'une piscine municipale. C'est propre, mais c'est froid! Seules deux ou trois femmes partagent avec moi le silence et le calme des lieux. L'usage (obligatoire) est de se laver et de se rincer soigneusement avant d'entrer dans les bains, qui doivent rester d'une propreté irréprochable. On peut prendre une douche debout, à l'occidentale, ou bien à la japonaise, assis sur un tabouret - ce que je choisis, histoire de faire ma Japonaise jusqu'au bout. tongue

Autant le décor est austère, autant le bain chaud en soi est un régal. J'en rêvais depuis celui du Shojoshin-in, au Mont Koya! L'eau est à 38 ou 40 °C, c'est parfait pour se détendre. Je passe d'un bassin à l'autre pour les tester: bain à remous, bain à bulles ultra-fines, bain enrichi en minéraux... * soupir de plaisir *

Je termine par le bain (très) froid afraid: c'est excellent pour la circulation sanguine! Petite douche à l'occidentale pour me rincer, puis je vais me sécher les cheveux et me bichonner devant une des coiffeuses à notre disposition dans la salle d'à côté. fillette01

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Les restaurants du complexe; quelques noctambules devant le seul resté ouvert la nuit.

A nouveau, je retrouve Pierre dans le "village". Nous convenons de déposer quelques affaires dans nos casiers respectifs et de nous retrouver à l'étage dans la partie dortoirs. Mais quand je m'y rends quelques minutes plus tard, je ne vois pas mon homme. Où est-il passé? confused Tout en le cherchant, j'explore les lieux: des toilettes (avec les chaussons qui vont bien), un espace fumeurs, des distributeurs (boissons, snacks chauds et froids), des fauteuils massants (payants), un grand dortoir mixte et un plus petit exclusivement réservé aux femmes (particulièrement calme). C'est donc ici que se trouvent les clients de l'établissement! Autant le village et les bains étaient déserts, autant les dortoirs sont remplis aux trois quarts par des Japonais somnolents ou endormis (d'ailleurs, ça ronfle dans tous les coins du dortoir mixte, et les bouchons d'oreille vont cruellement faire défaut!).

Les dortoirs sont des salles où s'alignent de confortables fauteuils-banquettes de cuir réglables en inclinaison, et disposant d'une lampe et d'un petit écran télé individuels, en plus d'une couverture. Dans le dortoir mixte, je vais de rangée en rangée pour essayer de retrouver mon compagnon, en vain. Ici, un jeune couple d'amoureux qui se tiennent tendrement la main par-dessus les accoudoirs de leurs fauteuils; là, une petite vieille insomniaque qui regarde le plafond. Mais de Pierre, aucune trace! bof

Je refais un tour dans le couloir, près des distributeurs; je redescends au village; je refais deux ou trois examens minutieux des rangées du dortoir mixte, sans succès! Mais où a-t-il bien pu disparaître? Je commence à être inquiète. Mais, écrasée par la fatigue (il doit être 5 ou 6 heures du matin), je finis par prendre place sur une des banquettes du dortoir mixte, à côté d'un jeune homme occidental (c'est ce que j'ai trouvé de plus ressemblant avec mon mari! tongue ). A cause des ronflements environnants et du bourdonnement des quelques téléviseurs restés allumés, préoccupée par l'absence inexplicable de Pierre, je ne dors que d'un oeil et d'un mauvais sommeil...

 

Le site officiel du Oedo Onsen Monogatari (en japonais): attention les oreilles et les yeux, la présentation kitsch vaut le détour! Les infos en anglais sont ici. Vous y trouverez des photos de l'espace des bains.

31 juillet 2007

Ce soir, on découche!

La soirée est un peu bizarre, car nous sommes tous les deux irascibles - pas l'un contre l'autre, mais nous avons étrangement les nerfs à vif. Ca nous fera du bien de prendre un peu l'air... Nous dînons au Jonathan's, puis préparons quelques affaires à emporter car ce soir... nous ne dormons pas à l'appartement! ^^

Sur les coups de minuit, nous nous rendons à la station de métro pour nous rendre compte que les rames ne circulent pas jusqu'à 1h du matin comme à Paris mais... jusqu'à peu après minuit seulement! Et moi qui avais une vision d'un Tokyo qui ne dort jamais! rolleyes Du coup, nous attrapons de justesse le dernier métro de la ligne Tozai et sommes obligés de sortir à la station Nihombashi, où nous avions prévu de prendre la correspondance. Qu'importe, il fait bon, et une petite balade à travers le quartier de Ginza ne nous fera pas de mal... A papoter de tout et de rien, à repérer les logos des marques de luxe occidentales sur les devantures et à regarder la vie nocturne autour de nous, une heure et demi de marche passera comme un quart d'heure!

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Des ouvriers de nuit et un Mac-addict devant l'Apple Store ^^

Nous croisons des dames en yukata, des groupes de gens animés qui s'attardent sur le trottoir, pléthore de taxis qui vont et qui viennent: fin de soirée à Ginza... A côté de ça, il y a les travailleurs de nuit: des ouvriers en gilet fluo voire lumineux, et puis un vieux monsieur qui tire à bout de bras une énorme cariole chargée de poubelles. La vision est hallucinante: on se croirait revenu 50 ans en arrière! Dites... Ce n'est tout de même pas ce vieil homme qui ramasse les poubelles et qui les apporte à la décharge, à la seule force de ses muscles...?

Je finis par avoir mal aux pieds, avec mes petites sandales toutes neuves à 1000 yens - je n'avais pas prévu qu'on marcherait autant ce soir! Pierre rit sous cape:
- "J'en étais sûr!, me dit-il.
- Grr... Comment ça, tu en étais sûr? Et puis d'abord, il faut souffrir pour être belle!, je réponds.
- Mais tu ES belle! Tu n'as rien à envier aux Japonaises, crois-moi!
- Ah...?" blush2

Nous finissons le chemin en taxi, pour mon plus grand soulagement. Ouf! C'est qu'il restait vraiment beaucoup de route, en fait! Le véhicule emprunte le gigantesque Rainbow Bridge qui mène à l'île artificielle d'Odaiba et nous dépose devant le but de notre expédition nocturne: l'Oedo Onsen Monogatari.

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EDIT: Il semble que le vieil homme tirant une charrette de poubelles soit un SDF qui essaye de survivre par ce "petit boulot". Maintenant que j'y repense, c'était des sacs remplis de canettes recyclables. bof
Cf cet article du site LeJapon.org.

31 juillet 2007

Soldes à Ueno

Encore une drôle de nuit... Je me réveille à 13h, d'une humeur étrangement bougonne et stressée. Ces horaires décalés me perturbent, mine de rien. Il faut vraiment qu'on corrige le tir!

C'est dans le quartier d'Ueno que je décide de passer la dernière journée des soldes. J'explore quelques boutiques puis un department store de plusieurs étages. En comparaison avec Shinjuku et Shibuya, la qualité des textiles me semble moindre (il y a beaucoup de polyester). En revanche, le rayon chaussures est là encore fantastique. eek En France, s'il y a bien deux éléments de la garde robe que j'ai du mal à renouveler, ce sont bien les chaussures et les pantalons. Pour les pantalons, c'est toujours aussi difficile, mais pour les chaussures, le choix est si énorme ici qu'on ne peut que trouver son bonheur. Tant de modèles me plaisent et à des prix défiant toute concurrence, que je suis tentée de me constituer une collection puis d'acheter les tenues qui pourraient être assorties avec, plutôt que l'inverse. Heureusement pour mon budget, je ne suis pas une acheteuse compulsive, et je me contente de deux jolies paires de sandales qui iront bien avec mes petites robes d'été. coeur

Ca fait trois jours que je fais du shopping, mais je n'ai pas acheté tant de vêtements que ça au final (une robe, une tunique, des chaussures, quelques bijoux et accessoires). Les soldes sont finies, et je ressens comme un sentiment de saturation vis-à-vis des boutiques: consommer sans produire finit toujours par me donner la nausée, et je déplore d'avoir passé tant de temps à trouver si peu de choses qui me conviennent! Je sais bien que ce n'est pas en un jour que je révolutionnerai ma garde robe, mais... moi qui voulais être aussi fashion qu'une Japonaise, ce n'est pas demain la veille!

Pendant ce temps, Pierre s'est fait plaisir avec une nouvelle tablette graphique A5 wide qui remplace avantageusement son A4, puisqu'il va pouvoir l'utiliser en mode bi-écran. Une belle sacoche complète son studio portable. clap

30 juillet 2007

Lèche-vitrines à Shibuya

Matinée d'orage. Depuis la porte vitrée du balcon, je contemple les éclairs illuminer les masses énormes de nuages noirs. J'adore quand les éléments se déchaînent et qu'on est bien à l'abri chez soi! ^^

La suite de la journée est plutôt banale. Aujourd'hui, c'est à Shibuya, autre quartier à la mode chez les jeunes, que je fais mon lèche-vitrines, notamment dans le Building 109 qui surplombe le quartier à la sortie de la gare. Le choix est pas mal, mais les articles sont plus chers qu'à Shinjuku. Je n'achète guère que deux ou trois accessoires aujourd'hui. Déjeuner au sushi bar du dernier étage du Building 109 dont je sors très déçue: c'était cher et pas spécialement bon. bof

Je termine mes pérégrinations dans le quartier d'Ueno, puis je rentre à la maison, bien contente d'y retrouver mon homme qui revient d'une nouvelle après-midi au Café Pronto. Je lui montre mon butin du jour tandis qu'il me déballe le sien (encore des emplettes informatiques pour lui ^^). Quelques courses au supermarché du coin, un tour à la laverie où les chats des environs viennent se réfugier de la pluie, et puis dodo...

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29 juillet 2007

Je veux être une Japonaise!!

Complètement décalés, nous déjeunons à 16h au Mac Do de la rue Kagurazaka avant de nous rendre dans le quartier de Shinjuku. Pendant que Pierre va dessiner au Café Pronto, je vais au Studio Alta pour du shopping de nana... Cet immeuble de huit étages est célèbre pour son écran géant, point de rendez-vous aussi populaire que la statue de Hachikô dans le quartier de Shibuya. Outre un studio de télévision, il abrite de nombreuses boutiques dédiées à la mode féminine, ce qui m'intéresse particulièrement aujourd'hui. biggrin

Jingu_Gaien_075Une chose est frappante quand on vient au Japon... C'est à quel point certaines jeunes Japonaises prennent soin de leur apparence et cultivent leur féminité jusqu'au bout des ongles. Il y a sans doute la même proportion qu'ailleurs de belles femmes, de femmes banales et de laiderons, mais quand elles sont jolies... Dieu qu'elles le sont! Nous avions fait la même expérience à Marrakech, il y a quelques années: croiser de fascinantes créatures au visage d'ange; être frappé par la perfection de leurs traits; résister, par décence, à l'envie de les regarder fixement jusqu'à ce qu'elles disparaissent au coin de la rue...

A Tokyo, s'ajoute à la beauté naturelle le souci de la mode vestimentaire et du look - pour les filles comme pour les garçons, dont certains peuvent nous sembler bien efféminés.  Pour se distinguer des mémères négligées, des femmes au foyer pragmatiques et des working girls tirées à quatre épingles, les jeunes Japonaises fashion osent tous les styles, tous les mélanges: dentelles, mousseline, petite robe d'été associée à des bottes fourrées, tunique vaporeuse et romantique sur un jean à gros motif de dragon chinois, mi-bas en laine avec des chaussures à hauts talons... En réalité, cette excentricité ne manque pas de conformisme puisqu'elle comporte ses codes et que la majorité des Japonais(e)s se rangent sagement, passé un certain âge. L'extravagance décomplexée des jeunes Nippons fait néanmoins le plus grand bien: dans cette foule bigarrée, quel que soit votre look, personne ne vous regardera de travers.

Tout de même... Un coup d'oeil à mon reflet dans une vitrine me place indubitablement dans la catégorie... des mémères!! mouais Pff... Ca m'apprendra à privilégier le confort à l'élégance. Dans un sursaut de fierté, je m'écris mentalement: "Je veux être une Japonaise!!" Une seule solution: faire mon shopping là où les Japonaises le font! demonfeu

Avec détermination, j'explore un à un les étages du Studio Alta. Il me semble que plus on monte, plus on fait de bonnes affaires. Sur mon chemin, les vendeuses crient "Irraishiamaseeeee" ("bienvenue") de leur voix perçante, en faisant durer le "é" final pour attirer l'attention. J'hallucine particulièrement devant le choix immense du rayon chaussures. De nombreuses paires toutes plus jolies les unes que les autres sont soldées à 1000 yens, soit 6 euros. Et c'est du made in Japan! Un vrai paradis pour les amatrices! love

Quand je rejoins Pierre au Café Pronto, il ne me reste plus que 4000 yens en poche. Je suis fauchée! Mais où a bien pu passer le contenu de mon porte-monnaie...? whataface

Nous passons une fin d'après-midi et un début de soirée bien agréables, bercés par la voix sans visage d'une chanteuse de jazz. Décidément, ce café est très agréable pour travailler.

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Après un petit tour dans un magasin d'informatique (au tour de Pierre de faire son shopping! ^^) puis au Curry Shop du coin pour dîner, nous rentrons à la maison sous la pluie. Cette nuit, nous ne nous coucherons pas avant 4 heures du matin... C'est plutôt raisonnable!

29 juillet 2007

Une nuit d'insomnie

Ce soir, je me couche assez tôt (22h30-23h), mais je me réveille à 1h du matin... pour ne plus réussir à me rendormir! Un roquet aboie dans la rue, son maître le siffle... A cette heure, c'est exaspérant! J'ai une de ces envies de lui envoyer une chaussure sur la tête...!! mad

Le climatiseur est bruyant: je l'éteins de temps en temps, mais alors la chaleur devient étouffante et il faut rallumer l'appareil. Dans la pénombre, j'entends Pierre se retourner encore et encore sur son futon. Comme moi, il n'est pas tranquille. A un moment donné, nous nous retrouvons face à face et ouvrons les yeux en même temps. On se regarde, on se comprend, on pouffe de rire. Bon allez, ce n'est pas la peine d'insister, on n'a pas pas sommeil! Il n'y a plus qu'à se lever! razz2

Nous rallumons donc la lumière et les ordinateurs. Après une petite collation de nuit, chacun vaque à ses occupations: Pierre sur sa bande dessinée et moi sur mon blog. J'écris mon article du 4 juillet sur les tremblements de terre. Au bout d'un moment, je suis tellement concentrée que je n'ai plus que ça en tête. Quelle ambiance! Au moindre craquement de la maison, je me dis que c'est peut-être le début du Big One! Brr... pale

Quand je me recouche, il est 8h du matin. Je dormirai jusqu'à midi tandis que l'orage gronde sur Tokyo, déchargeant un peu l'atmosphère de sa lourdeur.

28 juillet 2007

Hanabi : seconde lecture

En fait, les Japonais apprécient les feux d'artifice dans un tout autre esprit que les Occidentaux - d'où notre perplexité et celle de nombreux touristes devant le hanabi de la Sumidagawa. C'est un article du magazine KIE (Kateigaho International Edition) qui m'a permis de mieux le comprendre.

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Les photos de cet article ont été prises le 16 août 2007 au Jingu Gaien Hanabi

A l'instar des fleurs de cerisiers que les Japonais aiment à contempler au printemps, les feux d'artifice font surgir une beauté éphémère; une lumière éclatante mais brève qu'il s'agit de capter avant qu'elle ne meure dans la nuit. Ce goût de l'instant suspendu est typique de la culture japonaise - sans doute parce qu'ils ont depuis longtemps appris à vivre le moment présent, dans ce pays où la terre peut vous avaler en trois secondes, sans prévenir.

Cela explique le découpage des feux d'artifice japonais en une succession d'explosions distinctes et de respirations, à l'instar du théâtre nô où la gestuelle des acteurs est ponctuée de pauses permettant d'apprécier la beauté de chaque geste. Le spectateur japonais sait goûter chacun de ces instants séparément, tandis que le spectateur occidental a besoin d'un fil conducteur, d'une continuité sans laquelle il finit par décrocher.

J'ai toujours cru par ailleurs qu'il s'agissait de bombes industrielles - de bons gros pétards, en somme. Il n'en est rien: la fabrication des feux d'artifice reste artisanale (dans tous les pays, pas seulement au Japon). Tout comme il y a des maîtres de la calligraphie ou de l'ikebana (l'art de la composition florale), il y a des maîtres japonais de la fabrication de bombes, qui recherchent la perfection de la forme et de la couleur à travers leurs créations. Une bombe parfaitement sphérique pourra lui sembler le summum de son art alors qu'elle paraîtra banale à un spectateur occidental...

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En Occident justement, l'esprit est bien différent. La tendance est à la recherche artistique en termes de composition visuelle et de synchronisation feux/musiques: le feu d'artifice devient un spectacle à part entière, une véritable scénographie céleste, loin de l'animation de fête foraine. Tous les deux ans, les stars du monde de la pyrotechnie se retrouvent aux Nuits de Feu de Chantilly, pour montrer l'étendue de leur savoir-faire lors d'un concours international. Une manifestation que je vous recommande chaudement!

Pour en savoir plus:
- Lololameche, Etre technicien artificier
- Un très bel exemple de feux d'artifice par Caballer (recopiez le lien dans votre navigateur):
http://www.freakpyromaniacs.com/movies/buitenland2007/valencia2007_sept/piromusical_ricardo_caballer.wmv
- Groupe F
- Jacques Couturier

Un grand merci à Pyro pour m'avoir éclairée sur le sujet. wink

28 juillet 2007

Feux d'artifice sur la rivière Sumida

Jingu_Gaien_279Les feux d'artifice - hanabi, littéralement "fleur de feu" - sont parmi les temps forts de l'été au Japon. C'est un divertissement très populaire (il y en aurait 7000 par an). Le matsuri de la rue Kagurazaka s'achève ce soir, mais nous avons déjà l'esprit ailleurs. Aujourd'hui, dernier samedi de juillet, seront tirés les fameux feux d'artifice de la rivière Sumida, dans le quartier d'Asakusa. Ils durent 1h30 (!), et c'est le plus ancien hanabi de Tokyo, puisque la première édition date de 1733! J'ai noté dans mon calepin les dates des principaux feux d'artifice de la capitale; celui-ci sera notre première sortie du genre. Je l'attends avec impatience! Petite pensée pour Nana Komatsu (du shôjo manga Nana), qui voulait tant aller voir les feux d'artifice de l'été avec ses amis musiciens...

Pour parfaire l'image d'Epinal, j'ai prévu d'y aller vêtue de mon yukata flambant neuf. Il manque cependant quelques détails à ma panoplie, notamment les chaussures traditionnelles en bois. Il y a justement un artisan dans la rue Kagurazaka, à la fois vendeur de chaussures modernes et fabricant de geta. C'est une Japonaise d'âge mûr, distinguée et bienveillante, qui me reçoit et me conseille (en anglais). Comment marche-t-on avec ce type de chaussures? Quelles couleurs seraient assorties à mon yukata bleu et à ma ceinture rose? Est-ce normal que le pied dépasse légèrement de la chaussure ("oui, c'est ce qui est considéré comme kawai")? Je ressors équipée et ravie de la boutique. Dans la foulée, je m'offre aussi un joli petit coussin à motifs de hiboux que j'ai repéré depuis quelques jours dans une boutique près de chez nous. love

Quelques instants plus tard, me voilà à l'appartement, debout au centre de la chambre. Mon homme virevolte autour de moi pour m'habiller. Seule, je serais incapable de nouer le yukata correctement. Nous nous aidons d'un livre, mais ce n'est pas facile avec des instructions écrites exclusivement en japonais! Heureusement qu'il y a des photos! Pendant que Pierre referme soigneusement les pans du kimono, je l'observe. J'aime quand il est ainsi: concentré, attentif, minutieux et perfectionniste. Je suis entre de bonnes mains... Last but not least, il noue la ceinture autour de ma taille: c'est le moment le plus délicat. J'aurais pu acheter un de ces noeuds tout faits du commerce, mais ça n'a pas le même charme... Quand il a terminé, je me sens comme un bonbon appétissant, bleu et rose. Et voilà comment les Japonaises deviennent des friandises pour les hommes!

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Après cette séance d'habillage un peu complexe, nous prenons le métro pour rejoindre le quartier d'Asakusa. Dans la rame, un nombre inhabituel de Japonais portent des yukata, hommes et femmes. Nous sommes sur le bon chemin!

Sumidagawa_013A la sortie de la station Asakusa, nous prenons notre premier vrai bain de foule japonais. Le quartier a été rendu piétonnier. Des policiers assurent la circulation. Les Irrashaimaseeee ("Bienvenuuuue") fusent depuis les stands de nourriture à emporter. Familles, couples et badauds déambulent le long de l'avenue en une file ininterrompue. Ils sont nombreux à avoir investi le bord des trottoirs, assis sur des nappes publicitaires aux couleurs de Disney ou d'Hello Kitty, dégustant brochettes, boulettes de poulpe, glace pilée aromatisée... Les classiques de l'été, dont nous commençons à être familiers! ^^ Mais c'est sur un stand de kebab tenu par un Turc que nous jetons notre dévolu. Du kebab!!! Enfin de la nourriture comme chez nous lol! bounce

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Nous observons à loisir les yukata autour de nous, c'est vraiment très joli. Il existe une infinité de couleurs, de motifs, de combinaisons possibles. Dommage qu'il n'y ait pas de yukata aux motifs contemporains, ça me plairait bien... Mais c'est un vêtement qui reste définitivement traditionnel. Pierre m'offre un éventail: plus qu'un accessoire, c'est une bénédiction en cette soirée épouvantablement chaude!

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D'où partiront les feux d'artifice? J'essaye de le deviner en observant les Japonais, mais leur répartition me laisse perplexe. Ici, le champ de vision est entièrement bouché par les buildings environnants. Ca n'a pas du tout l'air propice à admirer un quelconque spectacle aérien! Pourtant, des milliers de gens restent assis dans ce couloir d'immeubles. Qu'attendent-ils...? Mon petit doigt me dit qu'il vaut mieux aller ailleurs. Plus loin, un pont semble particulièrement prisé. Si j'en crois mes lectures, c'est le meilleur spot pour admirer le spectacle: en effet, la vue est bien dégagée sur la rivière. Par contre, il est interdit d'y stationner pendant le feu, alors les gens ne font que le traverser, encadrés par les autorités. La foule reste disciplinée et calme, mais pour la première fois, nous sentons que certains poussent un peu... Ne comprenant rien aux indications de la police, nous préférons rebrousser chemin, progressant maintenant au coude à coude.

Finalement, nous nous posons à un endroit d'où l'on voit à peu près une portion de ciel, entre deux immeubles. C'est mieux que rien, et en tout cas beaucoup mieux que sur l'avenue de tout à l'heure. Des détonations attirent soudain notre attention: quelques feux sont tirés dans les airs, alors qu'il fait encore jour. Des essais, sans doute? Nous attendons sans savoir quoi. Le soir tombe. Des hélicoptères passent au-dessus de nos têtes. Les annonces par haut-parleurs se multiplient. Il fait une chaleur étouffante.

Sumidagawa_039Soudain, les premiers feux d'artifice fusent: grands cris de joie de la foule! Ca démarre très doucement puis ça continue crescendo, dessinant des bouquets de lumière dans la nuit. En fin de compte, nous sommes plutôt bien placés, pour des novices! roi  Le public est enthousiaste: applaudissements, exclamations d'admiration. Les feux se font de plus en plus gros, de plus en plus nombreux, de plus en plus colorés, mais restent tout de même étonnamment espacés. L'odeur des explosifs parvient à nos narines, se mêlant à la senteur des brochettes grillées. Des fusées à effet prennent le relais des fleurs de feu. Là encore, le rythme est lent, les tirs espacés, au point que Pierre et moi commençons à trouver ça monotone. Retour aux fusées classiques et pépères. A croire que les bombes sont tirées par types de forme, les unes après les autres, sans volonté d'interaction ou de composition comme dans les feux d'artifices français! Ca nous paraît sur le coup considérablement moins sophistiqué que les chorégraphies pyrotechniques d'un 14 juillet à Versailles par exemple. Euh... C'est ça, un feu d'artifice japonais? Voilà pourquoi ça dure 1h30! sleep

Pierre s'ennuie, il voudrait s'en aller. La vue de la foule compacte n'est cependant pas très engageante, et puis je tiens à vivre l'expérience jusqu'au bout. Un gros nuage de fumée noire, résidu des explosions, masque peu à peu le ciel. Délaissant un moment le spectacle, j'observe le public. Ce qui fait plaisir ici, c'est sa fraîcheur, sa joie toute simple devant le show. Les Japonais sont très bon public! Et ce qui est surprenant, c'est que beaucoup semblent n'être venus que pour le bain de foule, le partage d'un moment de détente un soir d'été. Ils ne regardent même pas le ciel, tout occupés à manger, à bavarder avec les voisins ou à se repoudrer le nez. C'est donc pour ça que tant de gens se sont massés dans l'autre avenue, sans aucune vue sur le hanabi?

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Tout d'un coup, gros mouvement de masse. Quelqu'un m'écrase le pied (ouille!!!), la foule ovationne, les marchands braillent de plus belle. C'est le bouquet final: des palmiers hauts et lents percent avec peine le gros nuage noir dans une formidable pétarade. On ne voit presque rien, mais le bruit semble autant applaudi que la lumière, et plus que le motif. Décidément, c'est un autre état d'esprit, ici. gratte

A la fin du spectacle, l'assemblée se disperse. De longues files convergent vers les entrées du métro. Des agents régulent la circulation aux carrefours des couloirs du métro comme avec des voitures sur la route: en stoppant puis en laissant passer les gens à tour de rôle, par paquets. Ainsi, le retour se passe dans le plus grand calme. Exemplaire!

Dans notre quartier de Kagurazaka, le matsuri est terminé. A part quelques poubelles entassées et quelques pancartes que des gens sont déjà en train de décrocher, il n'y en a plus trace... Nous rentrons chez nous.

27 juillet 2007

Kagurazaka Matsuri et Awa-odori

Ce soir, la rue Kagurazaka s'anime de nouveau pour la deuxième partie de son matsuri. Au programme: des danses de type Awa-odori, traditionnellement exécutées à Tokushima, sur l'île de Shikoku, lors du Festival des Morts O-Bon, à la mi-août. La rue a été rendue piétonne pour l'occasion. Dès le début de la soirée, la foule a envahi la rue. Les badauds, toutes générations confondues, s'installent sur le bord du trottoir, assis sur des nappes en plastique soigneusement dépliées, voire sur des chaises pour les personnes âgées. Certains ont revêtu un yukata - même un bouledogue que sa maîtresse a habillé pour l'occasion! Les commerçants ont ouvert leurs stands de boissons, brochettes et autres nourritures alléchantes. Hummm... Difficile de résister!

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Pendant deux bonnes heures, les danseurs et les musiciens se relayeront le long de la rue dans une ambiance des plus festives. La maîtresse du bouledogue porte d'ailleurs son chien dans les bras afin qu'il voit mieux le spectacle! lol

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Les danseurs Awa-odori ont une gestuelle très particulière, étrange et déroutante car inspirée des mouvements titubants et désarticulés des ivrognes. Certains hommes ont noué un foulard sous leur nez - une pratique comique que j'ai déjà vu dans les mangas! Quant aux femmes, certaines portent de drôles de chapeaux de paille qui cachent partiellement le visage, leur donnant un air mystérieux. Les unes marchent en chaussettes à deux doigts, les autres sur la pointe avant de leurs chaussures de bois. J'adore!

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La musique au rythme sans cesse changeant et les chants joyeux des femmes valent le détour également. Le mot qui me vient à l'esprit est "piaillements", tant leur voix se fait aigüe et perçante.

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Nous remarquons quelques gaijin (Occidentaux) parmi les danseurs: sans doute des expatriés qui se sont joints à la vie du quartier. Défilent également des mères de famille avec leurs poussettes (!) et des artistes en herbe (remarquez le gamin ci-dessous super motivé au tambour!). Entre deux processions, les jeunes enfants du public descendent des trottoirs pour mimer les mouvements. Kawaii!

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Les brochettes (plutôt chères) et la glace pilée aromatisée ne remplissant pas le ventre, nous achetons des bento de minuit au combini avant de remonter dans notre appartement. Jusqu'au lever du jour, Pierre dessinera pendant que j'écrirai dans mes cahiers. Ici comme jamais, au Japon, nous avons l'impression que nous pouvons vivre à notre rythme sans avoir de comptes à rendre à quiconque. roi

 

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J'ai pris ça pour de la glace à la menthe
mais c'est au melon (je crois).

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