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Un été à Tokyo
14 juillet 2007

Au revoir Mont Koya

Réveil à 5h45. Cette fois-ci, Pierre préfère rester au lit. J'hésite, puis je décide de me rendre à la cérémonie du matin avec l'intuition qu'elle sera différente de la veille. En effet, lorsque j'arrive dans la salle de culte, trois moines (dont une bonzesse) sont déjà en train de psalmodier leurs prières devant une quinzaine, peut-être une vingtaine de visiteurs. Le principe reste le même que la veille, mais multiplié par trois. Un quatrième bonze vient se rajouter discrètement à l'ensemble, mais il n'a apporté ni livre de prières, ni instrument comme les trois autres. Chante-t-il vraiment? Je le soupçonne de dormir, là-bas au bout de la rangée. rolleyes

Parmi les pélerins, une vieille Japonaise touchante s'est avancée d'un pas. Elle se met à genoux sur le sol et se recueille, un chapelet entre les mains. Prie-t-elle pour son mari, pour ses enfants? J'ai tendance à imaginer les vieilles personnes respectables, mais peut-être prie-t-elle pour ses propres péchés? Non, c'est un raisonnement purement chrétien, ça... scratch

Les Occidentaux qui assistent à la cérémonie semblent sous le charme. Je reste de marbre, comme la veille, d'autant plus que quelque chose me dérange. Vers la fin de la séance, un des bonzes se lève pour prier devant l'autel, puis convie l'assemblée à l'imiter. "If you please", dit-il en anglais avec un geste d'invitation. Tous les visiteurs se lèvent et vont se recueillir à la queue leu leu, dans une attitude à la fois curieuse et respectueuse. Je n'ai pas bougé. Seule restée assise sur le banc, réfractaire au mouvement d'ensemble, je réfléchis. Quel est ce sentiment de rebellion qui m'envahit? Non, c'est de la colère froide. Pourquoi la cérémonie est-elle différente de celle de la veille? Parce qu'il y a plus de monde? Plus de spectateurs? Cela veut-il dire que l'office se fait au nombre, à la tête du client...? Cela confirme mes soupçons et mes craintes: aucune spiritualité dans tout ça! Les bonzes ne font pas l'office pour vivre leur foi, mais pour satisfaire les touristes. mouais

Hier, je me serais agenouillée devant l'autel pour prier, comme les autres. Hier, j'en aurais eu envie, j'en aurais eu besoin. Pierre et moi avions même une demande précise, que les bonzes ont fait mine de ne pas comprendre. Aujourd'hui, je suis extrêmement déçue. Ca n'aurait plus aucun sens d'aller me recueillir devant l'autel, tant j'ai l'impression que c'est pour épater la galerie que les bonzes ont sorti le grand jeu. Ce n'est pas ma conception de la spiritualité. Ce n'est pas ma conception des rites religieux. Du coup, je suis plutôt fière de rester sur mon banc, plutôt que de suivre les autres comme un mouton. Je suis également la première à quitter la pièce à la fin de la séance, amorçant le mouvement parmi les autres visiteurs qui semblent ne pas vouloir partir.

Le petit déjeuner ne tarde pas à être servi dans la chambre à côté de la nôtre. Le serveur de la veille apporte le thé et me fait comprendre, l'air complice, que Totoro est à nouveau le bienvenu pour partager notre repas. Excellent! Voilà qui me remet de bonne humeur! cheers

Mont_Koya_076Pendant que je fais un petit somme réparateur, Pierre va faire une dernière balade dans la forêt de cèdres. Il est un peu triste de la quitter. C'est ainsi dans tous les endroits magiques que nous avons visités: il est difficile de partir, et nous nous promettons de revenir... Un jour, oui, nous reviendrons à l'Okuno-in!
En revanche, nous ne reviendrons pas au temple Shojoshin-in. Si sa localisation à côté du cimetière sacré est idéale, et s'il est parfait en tant que formule d'hébergement originale, nous ne le recommandons pas à ceux qui souhaitent vivre une expérience spirituelle au Mont Koya. D'autres temples s'y prêteront assurément mieux!

Mont_Koya_154 Mont_Koya_155

Le retour par le funiculaire est moins éprouvant que l'aller: la pente semble moins effrayante dans ce sens. C'est toujours la même musique céleste qui nous accueille dans le wagon. Pierre me fait rire en mimant une danse tahitienne tout à fait assortie! Non loin de nous, je reconnais la famille russe qui avait pris le petit déjeuner au Café Kotobuki, à Kyoto, et que nous avions retrouvée plus tard au temple Ryoan-ji. Ils étaient donc au Mont Koya au même moment que nous également. Que de coïncidences! Pour la suite du voyage, nous avions prévu de passer par Nara, mais nous avons changé d'avis pour une halte à Osaka. Nos quatre Russes nous suivront-ils jusque là...? La réponse au prochain épisode! wink

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Commentaires
C
bonne intuition donc ...<br /> merci de continuer à me faire rêver !
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