Yokohama
Encore une nuit à se coucher tard et un matin à se lever tard... Dehors, il fait chaud et lourd. Depuis la gare de Shibuya, nous nous rendons à Yokohama, la deuxième ville du Japon par sa taille, à 30 ou 40 kilomètres de Tokyo. Le personnage de Lynn Minmay, dans la série animée Super Dimension Fortress Macross (Robotech première génération), était originaire de son célèbre Chinatown. ^^
Nous pensions pouvoir marcher entre deux sites: erreur! Les distances sont bien plus grandes qu'elles ne le paraissent sur le plan. Nous voilà ainsi à errer pendant des plombes dans un no man's land industriel. Pour soulager nos pieds, éviter de chercher davantage notre route et tester un moyen de locomotion original, nous finissons par recourir à un vélo-taxi qui nous emmène au Minato Mirai 21, l'un des quartiers phares de la ville.
Nous déjeunons dans une sorte de boulangerie-pâtisserie-salon de thé au parfum d''Hexagone: Vie de France, une boutique prise en flagrant délit de "franponais". Au Japon, la langue française est souvent utilisée pour promouvoir la mode ou la gastronomie. Mais curieusement, les Japonais ne semblent pas juger utile d'en vérifier la grammaire, l'orthographe, ni même parfois le sens. Cela donne lieu à de véritables perles dont s'amuse le touriste francophone. A Vie de France, donc, nous nous régalons de délicieux beignets pomme/fromage blanc. J'essaye un nectar banane-sésame que je ne termine pas: son goût n'est pas mauvais, mais son apparence de béton liquide est assez dissuasive.
Une des attractions touristiques de Yokohama est la Landmark Tower, le bâtiment le plus haut du pays (295,8 mètres). L'ascenseur le plus rapide du monde (45 km/h) conduit à son sommet, le Sky Garden. Pour l'emprunter, nous suivons un couloir digne d'un film de science-fiction. On se croirait dans Bienvenue à Gattaca... Dans l'ascenseur au plafond étoilé et orné d'une galaxie en spirale, une hôtesse nous accueille et appuie sur le bouton. C'est parti! L'ascenseur est en effet incroyablement rapide, mais ce n'est pas très agréable. Nous en sortons avec une vague nausée et les oreilles qui sifflent. Des baies vitrées permettent de contempler le panorama. De jour, la ville est... moche, mais de nuit, elle doit être magnifique si l'on en croit les photos. L'étage compte une boutique de souvenirs, un café, et quelques petits aquariums où poissons étranges et méduses tournent en rond, loin de leur océan (les pauvres!).
La sensation de tanguer est tenace. La hauteur du bâtiment nous met d'autant plus mal à l'aise que nous ne pouvons nous empêcher de penser à ce qui arriverait en cas de soudain tremblement de terre. Redescendons vite... C'est le cas de le dire, puisque la descente est aussi rapide que la montée.
Petite marche vers la mer, en passant par le Cosmo World, un parc d'attractions où Pierre essaye le Diving Coaster Vanish!, une montagne russe toute rose qui a pour particularité d'entraîner ses passagers dans un trou béant, ouvert au milieu d'une piscine. Il en ressort avec un sourire jusqu'aux oreilles. Ca fait du bien, un petit coaster pour la route!
Arrivés au Yamashita-koên, un parc donnant sur le front de mer, nous faisons une halte sur un banc. Non sans surprise, nous observons de gros poissons jaillir hors de la mer puis retomber dans une gerbe d'éclaboussures. De quelle espèce peut-il bien s'agir...? Le soir tombe. Nous nous dirigeons à présent vers le quartier chinois, le fameux Chinatown délimité par de superbes portiques. Un petit coin de Chine en plein Japon - les Occidentaux ne font pas forcément la différence, mais pour Pierre et moi, le changement est revigorant après tant de japonitude! Ici, les architectures, les odeurs ne sont pas les mêmes. C'est presque l'heure du dîner... Y'en a marre des sushis, à nous le riz cantonais et le porc laqué!
Certaines façades de restaurants sont somptueusement ouvragées. Malheureusement, les prix des menus sont conséquents, pour un choix de plats qui ne nous semble pas exceptionnel comparé aux restaurants du treizième arrondissement de Paris. La déco primerait-elle ici sur la gastronomie, contrairement au quartier chinois parisien où ça serait plutôt l'inverse? Impossible de trouver une seule bonne rôtisserie par exemple. Nous finissons par faire un repas médiocre dans un petit restaurant, pour une addition qui n'est pas si modique. Quelle déception!
L'escapade touche à sa fin. Nous marchons vers la station de métro qui nous ramènera à Tokyo. Sur le chemin, nous longeons un gymnase éclairé. Mûs par la curiosité, nous nous rapprochons et regardons par l'entrebaîllement de la porte: il y a entraînement de kendo. Dans de beaux costumes, des hommes masqués s'affrontent à coups de sabres de bois. Il s'en dégage à la fois une grande énergie et une élégante dignité. Nous restons un moment à les admirer avant de rentrer chez nous.